Le cancer de l’endomètre NSMP (pour non specific molecular profile, ou sans profil moléculaire spécifique) est le type moléculaire le plus courant de cancer de l’endomètre et, bien que la plupart des patientes atteintes de ce type de cancer présentent d’excellents résultats, la variabilité des pronostics est énorme. Plus tôt cette année, nous avons publié une étude qui démontre que deux caractéristiques clés, le grade tumoral et le statut des récepteurs d’œstrogènes, permettent de stratifier les résultats cliniques des cancers de l’endomètre et peuvent être employées pour orienter les soins.

Pour discuter davantage de la conception du classificateur moléculaire ProMisE de l’endomètre et de la nouvelle étude sur le NSMP, nous sommes ravis d’accueillir les docteures Jessica McAlpine et Amy Jamieson, éminentes chirurgiennes à l’hôpital général de Vancouver qui se spécialisent dans les cancers gynécologiques et ont joué un rôle essentiel dans le développement et la mise en œuvre de et outil innovant.

Ensemble, elles partageront leurs perspectives sur la manière dont ce classificateur révolutionne la classification du cancer de l’endomètre, ainsi que sur son importance clinique pour les patientes.

Veuillez noter que cette conversation a été révisée par souci de longueur et de clarté.

 

Q1. Qu’est-ce qu’un classificateur ProMisE de l’endomètre? Comment y sommes-nous parvenus?

Dr Jessica McAlpine: Le système traditionnel de catégorisation des tumeurs se base sur leur histomorphologie, c’est-à-dire leur apparence au microscope, ce qui fonctionne bien pour les cancers de l’ovaire, mais pose problème pour le cancer de l’endomètre. Les pathologistes experts sont souvent en désaccord quant à la classification des tumeurs, en particulier les tumeurs de haut grade, ce qui entraîne des diagnostics pathologiques incohérents, des difficultés d’interprétation de l’efficacité des traitements dans les essais cliniques, ainsi qu’une incapacité à fournir des informations pronostiques précises. Ceci entrave la recherche et le soin aux patientes, ce qui souligne aussi le besoin d’un système de classification plus objectif et reproductible.

En 2013, une avancée majeure est survenue grâce au projet Atlas du génome du cancer (ou TCGA, The Cancer Genome Atlas), une étude qui a permis le profilage approfondi du cancer de l’endomètre. Toutefois, les méthodes employées par le TCGA n’étaient ni pratiques ni transférables en milieu clinique. Notre équipe s’est mise à travailler sur la conception d’un classificateur pragmatique qui pourrait utiliser du matériel pathologique standard pour reconnaître les quatre sous-types moléculaires du cancer de l’endomètre ayant une valeur pronostique. Les quatre sous-types: 1) POLE muté (POLEmut), 2) mismatch repair deficient (MMRd), 3) anomalie à p53 (p53abn) et 4) sans profil moléculaire spécifique (NSMP). Par l’entremise de l’immunohistochimie simple et le séquençage ciblé et, avec l’aide de votre entreprise, nous avons intégré le test POLE. Considérées dans leur ensemble, ces caractéristiques moléculaires permettent la classification et peuvent être mises en œuvre par n’importe quel laboratoire pathologique.

 

Q2. Pouvez-vous décrire l’importance clinique du classificateur ProMisE de l’endomètre et son impact sur le soin aux patientes?

Dr Amy Jamieson: L’importance clinique du classificateur ProMisE de l’endomètre est énorme. L’Organisation mondiale de la Santé a recommandé qu’il soit intégré aux rapports de routine sur la pathologie du cancer de l’endomètre en 2020. La même année, les directives européennes de gestion clinique ont été modifiées pour intégrer la classification moléculaire dans les décisions de traitement, d’autres organisations internationales emboitant le pas (NCCN, FIGO). La classification moléculaire a eu un impact sur le soin aux patientes en orientant l’imagerie préopératoire, les décisions chirurgicales et les plans de traitement.

 

Q3. Pouvez-vous nous expliquer les faits saillants de votre publication la plus récente dans Modern Pathology?

Dr Amy Jamieson: Le but de l’étude était de déterminer les caractéristiques clés associées aux résultats dans le cancer de l’endomètre du sous-type moléculaire spécifique NSMP, lequel présente des caractéristiques et des résultats cliniques variés. L’étude a examiné plus de mille cas de cancers de l’endomètre NSMP et analysé les diverses caractéristiques cliniques, pathologiques, immunohistochimiques et génétiques.

Cette analyse nous a permis de repérer que deux caractéristiques critiques, le grade tumoral et le statut des récepteurs d’œstrogènes, pourraient stratifier les pronostics. Les patientes atteintes du sous-groupe NSMP à faible risque, qui comprend les tumeurs de grade 1 ou 2 et les tumeurs positives aux récepteurs d’œstrogènes, obtenaient d’excellents résultats, avec un taux de récidive de la maladie très faible à cinq ans, soit de 1,6 % pour tous les stades et de 1,4 % pour le stade 1. La majorité (84 %) des cancers de l’endomètre NSMP relèvent de ce groupe à faible risque, ce qui est très encourageant, car il représente une grande proportion des patientes qui ont obtenu d’excellents résultats. En combinant ces cas « NSMP à faible risque » et l’un des sous-types moléculaires relativement moins fréquents, les cancers de l’endomètre POLEmut, on couvre 50 % de toutes les patientes atteintes du cancer de l’endomètre qui obtiennent d’excellents résultats et qui pourraient ne pas avoir besoin de traitement adjuvant (c.-à-d. qui ne requièrent pas de chimiothérapie ou de radiation).

Dr Jessica McAlpine: Précisément. Et pour renchérir, je crois que ceci révèle la prochaine frontière dans le soin. On se soucie tellement de traiter les patientes qui ont besoin de traitements additionnels, mais on ne peut pas exagérer l’impact de ne pas avoir à administrer une radiation toxique, une chimiothérapie toxique avec des conséquences à long terme. En tant que cliniciennes, ça serait génial si l’on pouvait déterminer en toute sécurité les gens qui, après une chirurgie, pourraient se passer de traitements additionnels et simplement être suivis lors de visites de routine.

 

Le classificateur ProMisE a révolutionné la classification du cancer de l’endomètre, nous munissant d’un système plus objectif et reproductible qui a un impact important sur le soin des patientes. Son intégration en pratique clinique et aux directives en fait un outil inestimable pour les chirurgiens spécialisés dans les cancers gynécologiques, les oncologues médicaux et les oncologues-radiothérapeutes, leur permettant de prendre des décisions éclairées sur le traitement des patientes atteintes du cancer de l’endomètre. L’avenir s’annonce prometteur alors que de plus en plus de pays et d’organisations adoptent ce classificateur innovant pour assurer l’accès et l’équité, améliorant de ce fait les résultats dans le domaine des cancers gynécologiques.

Merci aux docteures Jamieson et McAlpine d’avoir pris le temps de parler de ce sujet important. Pour plus de renseignements sur cette étude

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